La palette pour la luminada

Une coutume très ancienne consistait à profiter de la nuit et du froid pour éblouir les oiseaux et les capturer. La luminada faisait partie de la culture de notre région. C’était une des distractions de nos campagnes mais c’était aussi une chasse illégale. Pour ce type de chasse, il fallait peu de matériel : une lanterne et une petite pelle ou palette en bois.

Au XIXe siècle, la lanterne était simplement une torche réalisée avec de la paille. Puis on est passé à la lanterne à bougie, l’huile, et enfin l’acétylène. En ce qui concerne la palette, chacun la confectionnait à son souhait. Il fallait qu’elle soit solide car elle devait pouvoir assommer les petits oiseaux. 

Cette chasse de nuit se réalisait d’octobre à décembre, moment de l’année où la nuit arrive tôt et où les oiseaux migrent vers le Sud. De plus, c’est le moment où les travaux des champs, après la récolte des pommes de terre,  ralentissent. Les conditions météo devaient être propices : une nuit noire avec le souffle d’une bise bien froide et du brouillard. 

Tous les petits oiseaux étaient visés : palombe, rouge-gorge, grive, geai, pinson, bouvreuil, moineau, etc. Ils étaient ensuite consommés rôtis, on en gardait pour le curé, les personnes qui avaient aidé, l’instituteur et la famille. Certains vendaient également le fruit de leur chasse. 


Mais attention ! 

Il ne fallait pas tomber sur les gendarmes et se méfier en rentrant chez soi. En effet, ils attendaient parfois cachés dans le noir devant les maisons du village pour prendre les chasseurs la main dans le sac, ou plutôt avec le sac bien rempli !